Cette mémoire qui demeure
Les Hommes passent mais les mémoires demeurent afin de permettre à ceux qui sont encore en chemin de devenir des personnes meilleures. Même si ces mémoires bonnes ou mauvaises soient-elles nécessitent des devoirs de mémoire de qualité qui se manifestent et se limitent pour certains dans bien des cas à travers et au niveau des obsèques et funérailles, ces mémoires d’une vie vécue et arrivée à son terme transcendent ces épisodes de tristesses et de réjouissances pour se déployer de façon permanentes par des interpellations d’un très grand intérêt pour ceux qui sont encore en pèlerinage.
La nécessité de prier pour ceux qui ne sont plus réside également dans notre capacité à mettre en valeur comme il se doit leurs bonnes actions et rejeter celles qui sont nocives afin que nos actes présents soient une continuation de leurs bonnes œuvres sur terre. Ceux qui croient en Dieu en général ou en Jésus-Christ comme Seigneur en particulier, prient tous sans exception pour les défunts. Si pour certains il est judicieux de s’arrêter au niveau des derniers adieux, pour d’autres par contre, il est nécessaire de faire perdurer cet élan de solidarité ou de charité après les funérailles. Mais là n’est pas le plus important car en effet, si ne plus prier pour une personne à qui on a déjà dit adieu c’est faire bien, être convaincu du contraire et le mettre en application l’est tout autant. Mais le plus important est de garder en mémoire le minimum nécessaire pour notre bien et celui de nos semblables en améliorant notre relation personnel avec Dieu grâce aux mémoires utiles que celui ou celle qui nous a précédé nous a laissé.
Une mémoire bonne ou mauvaise a une valeur utile qui ne connait pas d’expiration. Tant qu’on a le souffle de vie, il convient de s’en inspirer pour être une personne meilleure. « Les morts dont nous gardons de grands souvenirs sont ceux qui ont eu beaucoup d’importance pour nous ; ils faisaient, en quelque sorte, parties de nous-mêmes. Cette partie nous est arrachée par la mort mais nous ne pouvons pas la perdre.[5]» La réalité des erreurs et fautes dans le quotidien de l’Homme n’enlèveront rien au fait qu’une vie bien vécue produira toujours des fruits qui demeurent et permettront à ceux qui ne sont plus d’avoir toujours des raisons d’espérer. Si pour certains il n’y a plus rien à attendre et à faire pour un mort, d’autres par contre pensent que c’est le commencement d’une autre vie qui donne lieu à des interactions aussi bien utiles pour les vivants que pour des morts qui ne le sont pas en réalité mais plutôt des vivants arrivés à une autre étape de leur vie.
Le questionnement est toujours le point de départ d’une réponse satisfaisante. Chercher à connaitre le pourquoi des choses ou d’une chose en particulier c’est déjà reconnaitre qu’on ne sait pas et qu’on voudrait savoir ou en savoir mieux. Même si en effet l’autre peut avoir une idée de ce dont il s’agit, tant que cette idée n’épouse pas la logique de la véritable source, ce n’est qu’un point de vu parmi tant d’autres qui n’a rien à voir avec ce dont il est réellement question surtout en ce qui concerne les vérités de foi.
Celui qui met sa confiance en Jésus est un apôtre de l’espérance. Il sait que même au terme de son pèlerinage terrestre, Dieu ne l’abandonnera jamais. Il est conscient du fait que même s’il n’a pas toujours fait ce que Dieu attendait de lui, les membres de sa famille aussi bien spirituelle que biologique prieront malgré tout pour le repos de son âme quand il ne sera plus. Et même si les circonstances de la vie l’emmenaient à douter de cette certitude, les prières d’une Eglise qui n’oublie jamais les siens seront toujours d’un très grand réconfort pour lui.
Lire aussi: Relation de confiance: La nécessité de croire en Dieu sans avoir vu, pour ne pas se contenter de voir avant de croire
Un apôtre de l’espérance n’a pas nécessairement besoin de chercher à savoir si les personnes pour lesquelles il prit se trouvent vraiment au paradis. Il sait que si Dieu veut, il le lui fera savoir car rien n’est impossible pour celui qui croit en une sainte miséricorde dont les œuvres dépassent le domaine rationnel en rendant possible les impossibilités définies ainsi par l’Homme. Cette précision permet de limiter les capacités de l’Homme à ce qui est humble, ou qui dépend de l’autorité de ses prières sous le couvert d’une miséricorde divine qui a de l’intérêt pour tout le monde, mais se déploie comme Elle veut, se manifeste à qui Elle veut, comme Elle veut, et surtout quand Elle veut.
En priant pour les morts on accomplit un devoir de mémoire envers un frère, une sœur, un ami(e) ou un compatriote qui certes n’a pas mené une vie parfaite mais qui mérite tout au moins au nom de la même foi que nous partageons, que nous recommandions son âme à la sainte miséricorde de Dieu.
« La mort qui nous touche, la mort qui nous concerne, la mort qui nous intéresse est celle du deuil. Cette mort de l’autre qui nous met en deuil nous parle aussi de la nôtre.[5]» Si appartenir à une famille chrétienne ou à une communauté d’enfants de Dieu nous donne le privilège d’expérimenter la miséricorde de Dieu et ne pas finir dans la damnation, cela «n’exclut pas un certain nombre de conditions. Ces offrandes ne sont utiles qu’à ceux qui, durant leur vie, ont mérité qu’elles puissent plus tard leur être utile.[12] » Le fait que Dieu soit miséricordieux ne nous donne pas le droit de mener une vie de désordre tout en espérant bénéficier de ses faveurs. Notre vie doit être à l’image du model que nous nous sommes choisi. Il ne s'agit pas de chercher à tout prix à être parfait et se vanter de ne pas être un pécheur comme les autres. Il s'agit de reconnaitre ses faiblesses et rechercher malgré tout la sainteté à travers tout ce qu'on fait parce que c'est la vocation de tous ceux qui se disent enfant de Dieu. Jusqu’à son dernier souffle, l'Homme a la possibilité d'être sauvé. Même s'il venait à mourir avec le sentiment de n'avoir pas fait ce qu'il fallait au moment opportun, ses bonnes intentions émanant de la sincérité de son cœur malgré ses faiblesses lui permettront d'accéder à la béatitude céleste grâce aux prières de ceux qui ont fait le choix de ne jamais se lasser de prier non pas pour des morts, mais pour des frères défunts qui ont fait le choix de leur vivant d'accepter jésus comme leur Seigneur et sauveur et qui, comme tous les autres Hommes, ont également la possibilité d'expérimenter la miséricorde de Dieu tant au cours, qu'au terme de leur pèlerinage terrestre.
Français|Anglais